dimanche 8 février 2009

Jacques MARTIN: Carnets de guerre


Jacques Martin vient de publier "Carnets de guerre" chez Casterman, publication des dessins qu'il a réalisé lorsqu'il était déporté du travail, de 1943 à 1945. Mon expérience du STO est différente de la sienne (dessinateur industriel confirmé, il travaillait aux usines Messerschmidt près d'Augsburg, alors que j'ai passé l'essentiel de mon temps dans une ferme en Silésie, et je fuyais à pied avec un groupe de camarades l'avance de l'armée russe lorsqu'il fêtait l'entrée des troupes américaines à Kempten), mais ses dessins -et les intelligents commentaires de Julie Maeck et Patrick Weber- me ramènent 60 ans en arrière. Comme l'indique très bien Patrick Weber, l'histoire du STO est peu connue. L'histoire des prisonniers, de ceux qui se sont laissés prendre, toujours soupçonnés de lâcheté, de compromission, fait moins recette que celle des héros de la résistance, des évadés, de ceux qui ont su prendre leur histoire en main. La Fédération Nationale des Déportés du Travail s'est battue sans succès (face, en particulier à la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) pour que les victimes du STO aient le titre de "déportés du travail" alors que la loi de 1951 leur a donné le titre officiel de " personne contrainte au travail en pays ennemi " (voir par exemple le JO du sénat du 11/5/1989) , et il a fallu attendre 2001 pour qu'ait lieu à Caen un colloque international sur le sujet. A l'automne de sa vie, Jacques Martin nous restitue calmement une période heureusement révolue, celle de d'une Europe sous le joug nazi, dont la jeunesse était soit chair à canon (sur le front de l'Est, y compris pour nos compatriotes alsaciens), soit main d'oeuvre à bon marché de l'Organisation Todt, ou de l'industrie de guerre allemande, dont les responsables n'ont, contrairement à leurs salariés forcés, le plus souvent jamais subi d'opprobre...

2 commentaires:

  1. Oui, vous avez raison, c'est un livre remarquable, et qui m'a fait connaître une époque que j'ai , heureusement, pas connu. Et la façon dont Jacques Martin a dessiné à cette époque est un veritable acte de résistance.

    Stéphane Jacquet
    www.alixintrepide.org

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  2. Je ne sais pas si l'on peut véritablement parler d'acte de résistance, pas plus que le maquillage des cartes de tabac dont parle JM n'était un acte de résistance: on est plutôt dans la débrouille, le système D... La vraie résistance (que certains déportés du travail ont payé de leur vie) c'aurait été le sabotage actif ou passif aux usines ou il travaillait. Personne ne lui reprochera de ne pas avoir, alors, mis sa vie en danger...

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